La brutale tempête Egon qui a eu lieu dans la nuit du 12 au 13 janvier générant des vents de nord-ouest à plus de 130km/h mêlés à un fort coefficient de marée de 99 a impacté le littoral picard. Quelles sont les villes du littoral touchées par ce phénomène ? Quels sont les dégâts ? Quelles dispositions ont permis d'éviter le pire? Quel bilan tire-t-on de ce nouvel épisode ?
Jeudi 12 janvier, le département de la Somme était en vigilance rouge "vents forts" et jaune "vagues et submersion". En fin de soirée le cœur de la dépression a frôlé les côtes picardes. Les très faibles pressions ont généré une surélévation du niveau de la mer déjà déchaînée par la violence des vents. L'alerte lancée à 17h pour une pleine mer à 23h48 a laissé peu de temps aux autorités pour réagir.
AU NORD DE LA BAIE "En Baie d’Authie, l'orientation des vents sur le secteur nord, nord-ouest a relativement épargné cette partie du littoral, rappelle Guillaume Villemagne, chef de projet littoral au Syndicat Mixte Baie de Somme - Grand Littoral Picard. L'eau est montée haut sur la Baie de l'Authie et est parfois passée en arrière des digues en fond de baie sur le secteur Pont-à-Cailloux. Cependant aucun glissement d'ouvrage ou d'inondation n'a été enregistré."
Sur Fort-Mahon-Plage et Quend-Plage, les perrés n'ont pas été touchés. L'érosion s'est surtout concentrée sur les cordons dunaires avec un recul d'un à deux mètres. "Avant la tempête, le système ECOPLAGE qui, via des tuyaux draine l’eau de la plage et la stabilise, a permis d'accumuler rapidement du sable en pied de perré à Quend-Plage, limitant ainsi les effets des houles sur l'ouvrage. Le système n'a pas été abimé par la tempête."
La commune du Crotoy a vu un recul de ses cordons dunaires bordiers. Le perré n'a pas été touché structurellement, mais une dizaine de pilastres et de garde-corps ont été arrachés."Les épis bois ont joué leur rôle limitant ainsi la perte de sable au niveau de la partie sud de la plage. Malgré la surcote (dépassement anormal du niveau de la marée haute) et les grandes marées, l'eau n'est pas passée sur le quai Jeanne d'Arc".
Sur les digues en fond de Baie de Somme L’eau est montée très haut, poussée par des vents soufflant dans l’axe de l’estuaire de la Somme. Elle a ainsi atteint le haut de la digue de la Gaîté, où quelques mètres cubes d’eau ont même ponctuellement franchi l’ouvrage près du Bois Houdant au sud de Saint-Valery-sur-Somme.
AU SUD DE LA BAIE Entre Cayeux-sur-Mer et Woignarue, le haut de la digue des Bas-Champs a reculé au niveau de plusieurs épis, sans toutefois mettre en péril l’ouvrage. Les vagues impressionnantes ont fait descendre les galets en bas du cordon, permettant le franchissement de lames d’eau par endroits. "A Cayeux, un recul d’une dizaine de mètres a même affecté la plage entre le casino et la rue Oscar Gorre, annonce Guillaume Thirard, chef de projet aménagement du littoral. Le niveau de la plage était en effet très bas sur ce secteur, malgré l’ apport de 30 000 tonnes de galets en novembre dernier. Les paquets de mer ont pu pénétrer sur plusieurs centaines de mètres dans la ville en se déversant par le boulevard Sizaire jusqu’aux halles du marché couvert. " Même si l’eau s’est bien résorbée dans le réseau pluvial, la facture des dégâts risque d'être salée pour la commune (chaussée à nettoyer, réaménagement du chemin de planches...). La pénétration de la mer, qui est montée jusqu'à 60 cm, a marqué les esprits. Ces dégâts ont été constatés durant la nuit par la mairie, les services du Syndicat Mixte et l’ASA des Bas-Champs. Et dès 5h du matin, deux chargeuses de l’entreprise Silmer et celle de l’ASA des Bas-Champs remontaient les galets en haut de plage afin d’éviter une nouvelle surverse à marée haute le lendemain midi. "Nous avons pu constater que les 24 épis ont bien joué leur rôle et permis de diminuer l’impact des vagues du fait qu’ils aient limité l’érosion. L’inondation aurait été plus importante sans eux."
A Ault, la digue parabolique d’Onival a souffert. Des garde-corps en béton ont chuté et des dalles de couronnement ont été détruites en haut d’ouvrage. La digue 83 a subit quelques glissements et des dégradations de la promenade supérieure ont eu lieu. Les secteurs ayant fait l’objet de travaux depuis 3 ans ont cependant bien tenu face à cette tempête. Au centre ville, une dalle en béton de l’esplanade s’est soulevée et des garde-corps ont été arrachés et déposés 10 m plus loin avec leur socle en béton.
Mers-les-Bains et le Tréport ont également connu des inondations liées à la forte houle qui est parvenue à franchir les ouvrages de protection et a inondé le quartier de la gare, l’extrémité du centre ville de Mers et la place du marché ainsi que quelques rues adjacentes. Des dégâts plus conséquents qu’à Cayeux sur-Mer sont à déplorer sur les zones urbanisées, fort heureusement sans faire de victime.
EN SAVOIR PLUS SUR le papi
L'état de catastrophe naturelle a été réclamé par plusieurs élus et rappelle au combien le Programme d'actions de prévention des inondations (PAPI) a son rôle à jouer face aux répétitions de ce type d'événements. Ce dernier vise à protéger la population, préserver le patrimoine et à pérenniser les activités économiques d'un territoire allant du Tréport à Berck-sur-Mer. Il est ainsi le lieu de réflexion sur la protection durable d'un linéaire de 110km.
SUR LE NORD DE LA BAIE Les derniers événements confirment, le besoin de renforcement des digues de l'Authie et le lancement des études pour la protection du Crotoy, en particulier pour les secteurs non protégés par les enrochements de la digue Jules Noiret.
SUR LE SUD DE LA BAIE Sur cette partie du littoral, plusieurs études et travaux ont été lancés sur la rehausse des digues de la Gaîté et de la Caroline pour empêcher les surverses dans les Bas-Champs ; sur la restructuration du boulevard maritime de Cayeux pour favoriser l’infiltration rapide de l’eau de mer ; sur la sécurisation des ouvrages du front de mer de Mers-Le Tréport pour limiter le passage de l’eau de mer ou encore sur l’étude de restructuration urbaine et paysagère de la zone de la prairie à Mers/Le Tréport et la réalisation d’un bassin de rétention d’eau.
Syndicat Mixte Baie de Somme - Grand Littoral Picard 
