Ces gros têtards des bocages

À cette époque, les paysans n’avaient pas le droit d’abattre les arbres qui restaient la propriété des seigneurs.

Ils avaient néanmoins le droit de récupérer les petites branches pour alimenter leur cheminée ou les fours à pains, pour confectionner des paniers d’osier ou des piquets de clôtures avec les plus grosses.

Les feuilles servaient de fourrage aux animaux.

Les arbres étaient donc taillés tous les 5 à 10 ans, en fonction de leur vitesse de croissance et du besoin du paysan.

Aujourd’hui, ils ont pratiquement disparu de nos paysages, suite aux remembrements successifs pour agrandir les parcelles agricoles et favoriser les cultures céréalières. On en trouve encore alignés au bord des routes ou des cours d’eau mais ils sont rarement exploités.

Le Syndicat Mixte Baie de Somme - Grand Littoral Picard intervient dans l’entretien et la conservation de ces arbres qui jouent un rôle intéressant dans la biodiversité.

Leur tronc boursouflé et souvent creusé de petites cavités sert de refuge à de nombreuses espèces d’oiseaux, de chauve-souris ou encore d’insectes. Dans le cadre d’un projet de restauration d’un marais, la remise en état d’une cinquantaine de ces arbres est prévue dans le marais des Prés de l’Etang à Rue.

Sur ce terrain du Conservatoire du Littoral récemment remis en gestion au SMBS-GLP, plusieurs saules de formes caractéristiques ont été repérés par les équipes le long du canal d’Artois, mais souffrent d’un manque d’entretien depuis de trop nombreuses années. Ils vont donc être étêtés cet automne pour tenter de les sauver.

Il faut savoir que les arbres têtards, de part leurs boursouflures, sont plus fragiles que les arbres qui sont taillés de manière classique. Sans entretien adapté, ils se fendent et pourrissent plus vite.

L’Homme ne manque pas d’imagination pour utiliser ces arbres au tronc souvent creux : niches à chiens, cache d’armes ou postes de guets pendant les guerres, ou encore support pour des objets sacrés… Placés aux croisées des chemins, ils servaient de repère dans le paysage.

L’essence la plus facile à planter est sans doute le saule qui se multiplie par bouturage.

Leur taille est facile à réaliser.

Au bout de quelques années, lorsque la trogne sera formée, vous verrez des insectes, des oiseaux et des petits mammifères coloniser les cavités, pour le plus grand bonheur de votre jardin !