La Baie de Somme, théâtre de la Grande Guerre

Le 26 octobre 2016 ©O. Claverie

Retrouvez dès vendredi 4 novembre sur les planches du Théâtre du Beffroi de Rue, la pièce de Jean-Michel Noirey "La Saison des Blessures", entre histoire d'amour et récits de guerre avec pour toile de fond la Baie de Somme.

A l'heure du centenaire de la Première Guerre Mondiale, cette pièce met en lumière l'atrocité de ce conflit, sa violence, ses déchirements, ses blessures, ses sacrifices. C'est une histoire d'amour entre celui qui part sur le front, André, marin pêcheur au Crotoy interprété par Tony Joudrier et celle qui reste à l'attendre en scrutant la Baie, Marceline, jouée par Vanessa Brusson.  Entre ces deux protagonistes s'immiscent le combat, les armes avec le marchand de canons Ferdinand Cross,  Franckie Avella. André se trouve projeté dans l’enfer du feu, de la barbarie. Il apprendra malgré lui à tuer et tuer encore. La correspondance avec sa femme s'en trouvera exacerbée.
"J'ai voulu, précise Jean-Michel Noirey, par l'intermédiaire de ces personnages, gens de la Baie et de la mer, souligner leur position sociale et intellectuelle des plus lointaines par rapport aux évènements de la terre. J'ai en écho cette phrase d'Aristote : « Il y a trois sortes d' hommes : les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer. » Je parle de la Baie, car j'y suis tous les jours, je la filme, j'y raconte l'histoire des gens d'ici, aujourd'hui ... J'y trouve une vraie référence de liberté ...  Jʼai écrit cette pièce de théâtre, en souvenir et à la mémoire de mes deux grands-pères, Lucien et Marius, qui, dès mon plus jeune âge, mʼont confié leurs souvenirs, leurs vécus de jeunesse, d’hommes, face à lʼhorreur de la guerre. Cette transmission par la parole reflète une nécessité́, un besoin vital dʼexorciser les blessures du passé, les blessures de lʼâme, les blessures de la chair. Une confidence faite à un petit enfant, comme un devoir de mémoire.  Jʼai mis plusieurs années à comprendre, entendre, la profondeur du traumatisme contenue dans leurs récits, leurs paroles, leurs regards. Les faire parler encore, aujourd’hui, encore, pour ne pas oublier, oublier la vie de ces hommes pris dans la tourmente. L’écho d’une histoire sans fin. "
 

Dans cette pièce, Jean-Michel Noirey, artiste aux multiples facettes signe un texte profond empreint de poésie. Entremêlant les destins brisés d'un homme et d'une femme, cette histoire d'hier est aussi, celle d'aujourd'hui, celle d'une atrocité qui n'est jamais vraiment loin et qui perdure."Les conflits armés se sont déplacés, mais sont toujours bien présents. Nous n’avons jamais autant produit d’armes, l’industrie dans ce domaine n’a jamais été autant fleurissante … Alors quand est-il de la paix ? Quand est-il de la sagesse ? Du bon sens ? De l’amour de son prochain ? De l’intelligence ? Je me dis que faire entendre, faire référence de nos jours à cette époque, sur une scène de théâtre, ce n’est pas faire de l’histoire, ni de la reconstitution historique. Non, nous ne faisons que parler de notre époque, de nous, de notre actualité."
 

Avec cette création dont la première représentation a lieu en région, au Théâtre du Beffroi de Rue mais aussi avec sa galerie d'Art au Crotoy et ses films sur l'histoire vraie des hommes de la Baie, Jean-Michel Noirey s'implique et prouve, une fois n'est pas coutume, que les œuvres culturelles sont accessibles à tous et que la Baie de Somme est l'endroit idéal pour les mettre en lumière.

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